On a récemment entendu parler de cette secte aux infos : des enquêteurs y auraient trouvé des enfants coupés du monde, non vaccinés, et donc jugés en danger.
Quelques infos supplémentaires m'ont semblé utiles. Je vous en fais part.
The Twelve Tribes (alias Les Douze Tribus et Tabitha's place) est née au Etats-Unis sous l'impulsion d'un couple de fondamentalistes protestants: Elbert et Marsha Spriggs. Les fondateurs ont estimé que l'Amérique s'était éloignée de la volonté de Dieu et qu'il convenait donc de recommencer sur de nouvelles fondations. D'où la décision de rebâtir les douze tribus d'Israël et (d')être une "lumière pour les nations".
La branche implantée en France allait prendre le nom de Tabitha's Place mais créer aussi une association loi 1901 baptisée Ordre Apostolique, transformée en SARL.
L'association possède donc des marques (Création Pyrénées pour commercialiser des produits artisanaux (chaussures, vêtements, mobiliers, pains et pâtisseries), détient des commerces (restaurant) et des propriétés, dont un un superbe château avec un grand parc en plein centre du village de Sus, dans le Béarn depuis une vingtaine d'années et compterait une centaine de personnes.
Sur son site internet ( http://www.douzetribus.com/ ), la communauté déclare que ses membres "obéissent à la Bible et s'efforcent de vivre comme la première église". Elle précise que "toute collaboration avec le système éducatif reviendrait à accepter de compromettre notre conscience". Les enfants ne sont donc pas scolarisés, et sortent peu de la communauté. (Le droit de scolariser les enfants à domicile est légal.)
Celle-ci est souvent contrôlée, des parents se font régulièrement condamner, et la communauté a surtout focalisé les feux sur elle lors du décès d'un enfant de 19 mois mort de dénutrition, après avoir beaucoup maigri suite à une anomalie cardiaque non décelée par les parents.
Au procès ceux-ci se défendront ainsi :
- Citation :
- "j'ai aimé mon bébé" a dit la mère, Dagmar, "je lui ai donné toute mon affection. Je n'ai jamais pensé lui faire de mal". Elle a expliqué à la cour qu'elle savait que son enfant souffrait d'un problème cardiaque et qu'elle avait bien remarqué qu'il ne grandissait pas normalement. Mais jamais elle ne s'est rendue compte de la gravité de son état. "Il avait le sourire, il était gai, je ne me suis pas doutée que c'était grave", dit-elle. La présidente Françoise Pons a insisté et lui fait remarquer que le poids de Raphaël ne cessait de diminuer, qu'elle aurait pu le faire examiner par un médecin. "On ne savait pas qu'il était malade à ce point", rétorque l'accusée : "j'avais l'espoir que Dieu guérisse mon enfant".
Le discours était le même chez son mari Michel : "Cet enfant, je l'ai aimé et je l'aime encore. Je n'ai jamais pensé qu'il pouvait mourir. On n'était pas contre un examen mais on en a pas saisi la nécessité : je ne suis pas médecin". La présidente Pons lui rappella alors qu'il avait admis, pendant l'instruction, avoir été "aveuglé par (sa) foi qui était devenue mystique". "La communauté ne nous a pas empêchés d'aller voir un médecin, répond Michel Ginhoux, mais je crois que Dieu peut guérir des enfants".
Irrité par les explications du couple, l'avocat général François Basset leur a lancé : "Vous nous dites en même temps que n'étiez pas médecin mais que vous ne jugiez pas indispensable un examen. Ca n'est pas un peu contradictoire?"
"Je ne comprends pas la question", a répondu Michel Ginhoux.
http://prevensectes.com/rev0110.htm#23
J'en viens à la façon dont a été présenté le résultat de l'enquête sur Tabitha's place aux infos :
- Citation :
- Visiblement émus par leur visite à Sus-Navarrenx (Pyrénées Atlantiques), les membres de la commission d'enquête parlementaire sur les sectes ont raconté avoir trouvé 18 enfants, âgés de 6 à 16 ans, censés être scolarisés sur place. Ils disent avoir constaté que les enfants savaient lire mais qu'ils ne restituaient pas convenablement le sens de ce qu'ils avaient lu.
Ils ne sont pas vaccinés, n'ont pas de contacts avec les enfants extérieurs à la communauté, ignorent internet, le cinéma, la télévision et ne sortent qu'occasionnellement pour accompagner leurs parents quand ils vendent sur les marchés les produits du jardin, selon la même source.
La petite délégation a constaté que les enfants n'avaient pas idée du monde extérieur et qu'ils ne connaissaient ni Zidane, ni les Beatles, ni aucun chanteur actuel, qu'ils n'utilisaient pas internet et globalement avaient peur du monde extérieur, dont ils parlaient en disant "chez vous".
http://info.france2.fr/france/26210190-fr.php
Même si la situation de ces enfants est inquiétante, les points cités sont eux aussi inquiétants : connaître Zidane est devenu un signe de culture, pouvoir citer des chanteurs aussi. Si je regarde à mes enfants, je ne les vois pas non plus pouvoir réussir ce test des chanteurs.... Les Beatles, ils ne savent pas ce que c'est.
Quant à savoir lire mais ne pas comprendre, combien d'enfants actuellement scolarisés seraient concernés ? Si j'en crois les bilans rapportés par mes enfants au collège, un tiers des élèves ont des problèmes de compréhension....
On peut aussi parler des vaccins, qui deviennent dans l'exposé des enquêteurs obligatoires. Or certains parents sont contre, sans être religieux, simplement en raison des risques inhérents. On peut même mourir d'un vaccin, conséquence peu connue, et heureusement rare, mais réelle.
A lire le mode de vie de ces personnes, ils m'évoquent les Amish, pourquoi chez les uns ce mode de vie autistique serait condamnable et dangereux et pour les autres d'un rétro sympa, admis, et folklorique ?
Va-t-on demain par exemple imposer à chaque foyer d'avoir la télévision, pour que les enfants sachent qui est Zidane et Lorie ?
Quand on critique les procédés à la Big Brother, est-il normal d'en imposer ?
That are the questions....
Les antécédents de la secte par des articles de presse consultables ici :
http://prevensectes.com/tabitha.htm
A noter aussi que la justice a déjà trahi sa parole, ce qui ne doit pas inciter la communauté à la coopération :
Des enfants retirés aux parents in Sud-Ouest, CHAINTRIER Jean-Paul, 19.12.2001
- Citation :
- Deux juges des enfants viennent de décider de retirer leurs enfants à quatre familles de la communauté de Tabitha's Place à Sus. Après le décès du petit Raphaël en 1997, le procureur de la République de Pau avait saisi le juge des enfants et ce dernier avait alors mis en place des mesures d'AEMO (assistance éducative en milieu ouvert) sur des enfants de la communauté. Un motus vivendi s'était ainsi instauré entre l'autorité judiciaire et les familles de Sus. Sauf que les juges ont maintenant décidé de placer les enfants dans des familles ou des structures d'accueil, avec pour objectif de "leur permettre de découvrir la réalité du monde dans lequel ils doivent vivre". L'autorité judiciaire s'inspire de la Convention internationale des droits de l'enfant. A ce jour, quatre ordonnances ont été prises et dix enfants sont concernés par ces mesures. Mais une mère invitée par les services sociaux à présenter ses six enfants, ne s’est pas exécutée et a disparu. Un "bras de fer" semble s'être engagé entre l'institution judiciaire et la communauté de Sus.
http://www.unadfi.com/actualite/themes/tabithas_place.htm