Leonowens Neutron libre
Nombre de messages : 2900 Date d'inscription : 03/12/2005
| Sujet: La Tunisie ressemble à la Chine Jeu 8 Juin à 15:45 | |
| Le pays dérive vers une raideur inquiétante. Petit état des lieux, porté lors du dernier SMSI (Sommet mondial sur la société de l’information* ) en novembre dernier : - Citation :
Prenant à contre-pied toutes les analyses, tablant sur une certaine ouverture politique, le régime tunisien n’a fait que se raidir ces derniers mois. En mars, les manifestations dénonçant l’invitation faite au premier ministre israélien Ariel Sharon d’assister au SMSI ont été réprimées. Me Mohamed Abbou, un avocat opposant, croupit toujours en prison en raison d’un article publié dans Internet, dénonçant ladite invitation. La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) n’a pas pu tenir son congrès en septembre à la suite d’un arrêt prononcé par la cour. « Une décision politique dans un habillage judiciaire », proteste Mokhtar Trifi, président de l’association. Le congrès du Syndicat des journalistes tunisiens (SJT) a lui aussi été interdit. Jugé trop indépendant, le SJT est, selon une source gouvernementale anonyme citée par l’Agence France-Presse, une « organisation juridiquement inconnue ». Pourtant, le Code du travail tunisien ne soumet pas la création d’un syndicat à un accord préalable des autorités.
En parallèle, l’Association des magistrats tunisiens (AMT) est dans la ligne de mire depuis qu’elle a fait élire un bureau directeur indépendant, en décembre 2004. Dénonçant les agressions policières contre les avocats lors du procès de Me Abbou et exigeant des réformes pour garantir l’indépendance de la justice, l’association s’est attiré l’ire du pouvoir. L’AMT, qui regroupe 1 700 magistrats, a été expulsée de son local. Certains de ses membres - dont plusieurs femmes - ont été mutés hors de leur lieu de travail habituel. Dans un pays qui se targue d’être le pionnier des pays arabes dans le domaine des droits de la femme, ces « mutations sanctions » (dixit l’AMT) font taches.
Aussi, la questions des prisonniers d’opinion reste toujours d’actualité. Cinq cents d’entre eux croupissent en prison depuis une quinzaine d’années à la suite de procès jugés inéquitables par les associations internationales de défense des droits de la personne. Ces prisonniers font régulièrement des grèves de la faim. Un mouvement est en cours depuis la fin septembre, dont les membres espèrent ainsi obtenir leur élargissement. Le 18 octobre, sept leaders de l’opposition tunisienne (dont deux chefs de partis politiques) ont aussi entamé une « grève illimitée de la faim ». Ils réclament la liberté d’association, la liberté de presse et des médias ainsi que la libération des prisonniers politiques. Dans un appel à l’opinion publique, ils affirment que « la Tunisie connaît depuis des années une détérioration de sa situation politique, sociale et culturelle. L’état des libertés a atteint, ces derniers temps, un niveau de dégradation intolérable. » http://www.alternatives.ca/article2139.html Lors du SMSI, l'Etat tunisien a manifesté une envie de brider toute opposition, qu'elle soit virtuelle ou réelle. Sites fermés, internautes réprimés, faux invités venus pour défendre le régime... Une oppression aussi discrète que voilée : la Tunisie a toujours fait bonne figure, ayant signé presque tous les traités internationaux qui garantissent les droits fondamentaux. http://www.africacomputing.org/breve155.html http://www.tunezine.com/breve.php3?id_breve=2066 http://infoblog.samizdat.net/v-1/page.php?p=2676 Pour contraste : http://www.smsitunis2005.com/plateforme/index.php La Ligue Tunisienne pour les Droits de L'Homme (LTDH) a également vu son sommet national interdit. Les délégués qui se sont quand même déplacés (le français s'est abstenu...) ont été victimes de violences et d'intimidation. Lire ici le récit d'Hélène Flautre, députée européenne et présidente de la sous-commission des droits de l’homme du parlement européen : http://www.flautre.net/IMG/pdf/VISITE_HF_EN_TUNISIE_MAI_2006.pdf http://citron-vert.info/breve.php3?id_breve=743 * - Citation :
Qu'est-ce que le SMSI ?
Le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), a accouché à Genève lors de sa première phase en décembre 2003 d’une déclaration et d’un plan d’action. (...) L’information est reconnue comme un besoin essentiel (au même titre que l’eau, la nourriture ou la santé) pour l’homme et sa vie sociale. Elle peut contribuer à la paix, au dialogue, au savoir et à la diversité culturelle - ou à des résultats exactement opposés si elle est utilisée à mauvais escient. Le SMSI veut réduire la « fracture numérique » entre le Nord et le Sud, en permettant aux exclus d’accéder à internet, et d’y produire aussi leurs propres contenus. Il aborde aussi les enjeux suivants : liberté d’expression, rôle des médias, cybercriminalité, cybersurveillance et respect de la sphère privée des internautes. Parmi les problèmes encore à résoudre ou négligés : qui gouverne internet, comment financer l’accès des démunis aux technologies de l’information et que faire face à la concentration de l’industrie médiatique mondiale. D.W. (END/2005) | |
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