Nanotechnologies : dans quel but ?

A Grenoble on vient d'inaugurer Minatec, le plus grand centre européen consacré aux nanotechnologies. Il n'a que deux concurrents au monde, Nanotec à Albany dans l’Etat de New York et Selete, près de Tokyo.
Nanotechnologie, mot peu connu, croisé dans des films de SF (Stargate par ex), et qui signifie la fabrication d'objets de taille inférieure au milliardième de mètre.
Les applications ? C'est là que le bât blesse. Elles sont préoccupantes. La nanotechnologie est capable de permettre le flicage le plus discret : puces communiquant par radio, mini-capteurs, systèmes biométriques, caméras "intelligentes", implants sous-cutanés, poussières de surveillance, objets espions... tout ceci est faisable via la nanotechnologie.
Seulement voilà, il n'y a pas eu débat d'éthique, aucun moratoire et voilà que la France ouvre Minatec, 193,5 millions d'euros d'investissement dont près de la moitié a été assurée par les collectivités territoriales, en tête desquelles le conseil général de l'Isère. Un complexe de 45 000 mètres carrés, prévu pour 4 000 chercheurs.

Ils vont chercher, mais trouver quoi de bon pour nous ?

Quelques-uns ont réagi et tiré la sonnette d'alarme. Le campus a fait l'objet d'une occupation sauvage avant l'ouverture. Les protestataires qui demandaient un débat sur cette technologie se sont fait expulser par la police, arrivée en force. Des tracts distribués en ville ont donné lieu à des arrestations pour "incitation à la lutte armée" et "organisation d'attroupement illégal".
Des perquisitions ont également eu lieu.
Devant ce climat sensible, Jacques Chirac a préféré s'abstenir de participer à l'inauguration du centre.

En réaction aux protestations, pourtant peu nombreuses (manifestation d'un petit millier de personnes sur Grenoble), le ministre délégué à l’Industrie François Loos a annoncé «l’organisation d’un vaste débat national où seront posées publiquement les questions qui inquiètent certains».

Reste le souci du financement, qui liera le sort des recherches aux intérêts militaires et commerciaux. Faudra que ça soit rentable, évidemment...

http://www.rfi.fr/actufr/articles/078/article_44135.asp
http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=8524
http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&filtre=1&droiteA=1&numpageA=1&id=2840
http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060601.FAP0264.html?1434
http://info.france2.fr/france/21682121-fr.php

On relèvera comme toujours les exposés différents des événements lors de la manifestation, selon les sources :

Citation :

Les forces de l'ordre ont fait usage jeudi de gaz lacrymogène pour disperser environ un millier de personnes, selon les organisateurs, qui manifestaient dans l'après-midi près de la gare de Grenoble pour réclamer la fermeture de Minatec, le centre européen de recherche sur les micro et nanotechnologies, qui doit être inauguré vendredi, a-t-on pu constater sur place.
Un groupe de manifestants équipés de petits marteaux s'en est pris notamment aux vitrines de plusieurs magasins et d'une agence BNP-Paribas qui ont été brisées, a-t-on pu constater sur place

http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060601.FAP0264.html?1434

Citation :

De midi à 14h, la manifestation s'est déroulée sans encombres A l'approche de Minatec, un policier en civil a tiré dans la foule avec son flash ball, touchant des personnes aux jambes. S'en sont suivies des charges de police obligeant les manifestants à se disperser (nombreuses interpellations, gazs lacrymogènes, blocage de la manifestation). Deux cent personnes se sont ensuite regroupées pacifiquement place Saint Bruno et se sont assises dans l'herbe. Les policiers ont alors chargé massivement. Une jeune fille a été grièvement blessée à la tête par un tir de grenade à fragmentation; elle a été emmenée d'urgence à l'hopital avec un morceau de la joue arrachée. Les nombreux passants et commerçants ont été extrêmement choqués par ces actes démesurés de violences policières. A 16h, les policiers continuaient à harceler les manifestants.

http://grenoble.indymedia.org/index.php?page=article&filtre=1&droiteA=1&numpageA=1&id=2853
(site des opposants à Minatec)

Outre la paranoïa ambiante et permanente, les nanotechnologies peuvent :

1- faciliter la vie quotidienne de tout un chacun, par la miniaturisation d'équipements autrement (et autrefois) intransportables.
Qui se plaindra aujourd'hui d'avoir dans sa poche un téléphone portable, par exemple ? Et qu'en sera-t-il quand ce même téléphone (avec peut être un écran un peu plus grand) fera en même temps TV, radio, lecteur mp3 (déjà fait ?), appareil photo (bis), caméra vidéo (ter), ordinateur personnel (idem), fax, imprimante, copieur couleur, scanner, et même, enfin, cafetière ?

2- permettre d'accéder au rêve (ce n'est toujours qu'un rêve) de la guérison de maladies mortelles, par exemple les cancers et les maladies génétiques ? L'idée est de s'attaquer directement aux cellules déficiantes, et de stopper le problème à sa source.
On peut même aller jusqu'à la SF avec un sérum universel : tu te fais injecter des nano-robots intelligents, et dès que le corps perçoit le moindre signe de déficience physiologique, ils interviennent et te soignent avant même que tu ne sois malade !!!
(thème joliment exploité d'ailleurs par la série "La Quatrième Dimension" dans un épisode où les nanobots, percevant les déficiences innées de l'hôte humain, le transforment en une horreur inhumaine, mais sans déficience !!!).

Les nanotechnologies, ça pourra être quelque chose de bien...

Oups... pardon... je devrais dire : les nanotechnologies, ça aurait pu être quelque chose de bien...

Parce que voilà, ça n'existe pas encore, mais ce sera effectivement pourri. Pourri par l'argent, la rentabilité, le capitalisme.
Comme tout le reste, d'ailleurs.