Espèces en voie de disparition...

Bientôt ils ne seront plus que sur les livres d'images et dans les banques de données photos :

Le nombre d’espèces menacées d’extinction ne cesse d’augmenter, selon l’Union mondiale de la nature.

Citation :

Avec ses poils blancs et son air débonnaire, il est un symbole à lui tout seul. L’ours blanc, chouchou de nos bouts d’choux, est une espèce menacée d’extinction. Dans sa « liste rouge » annuelle, l’Union mondiale pour la nature (UICN), qui fédère quelque 10 000 scientifiques, classe l’Ursus maritimus dans la catégorie « vulnérable » et lui donne quatre décennies avant de perdre 30 % de ses effectifs. Un constat à l’image de l’état de la biodiversité, minée par « une dégradation constante de l’état des plantes et des animaux », note l’UICN.

Sur les 40 169 espèces suivies, 16 125 sont menacées d’extinction, affirme l’organisation. Ce qui paraît bien peu au regard du 1,7 million d’espèces connues, et des quelque 15 millions d’espèces qui habitent la terre (leur nombre exact est inconnu). « Il faut considérer ces données comme un indicateur de la situation du reste des espèces, explique François Letourneux, président du comité français pour l’UICN. Derrière la situation délicate de l’ours polaire, où en sont, par exemple, les micro-organismes, les crevettes et autres êtres vivants de ces eaux froides polaires ? »

La liste rouge de l’UICN estime ainsi que sont menacés d’extinction un tiers des amphibiens, un quart des arbres conifères, un quart des mammifères et un huitième des oiseaux. Au total, 784 espèces sont officiellement éteintes et 65 autres n’existent qu’à l’état captif ou cultivé. Depuis le dernier rapport, il y a dix-huit mois, 172 espèces ont vu leur statut se dégrader. Parmi elles, l’hippopotame (Hippopo-tamus amphibius), qui paie un lourd tribut à la situation politique précaire de la République démocratique du Congo, échoue dans la catégorie « vulnérable ». Sur les 547 espèces marines figurant pour la première fois dans la liste, 20 % sont menacées d’extinction. Le requin squale-chagrin commun (Centrophorus granulosus) enregistre ainsi des déclins locaux de 95 % de sa population. Et beaucoup d’espèces endémiques du bassin méditerranéen font partie des plus menacées.

Néanmoins, que la biodiversité perde du terrain n’a rien de nouveau. Le globe n’en est pas à sa première phase d’extinction massive d’espèces, rappelle François Letourneux. À ceci près que, « du fait de l’action de l’homme, l’effondrement de la biodiversité est mille fois plus rapide qu’en son absence », tranche cet ancien garde forestier. L’enjeu est de taille. Grignoter sur la diversité biologique n’est pas sans conséquence sur la régulation, l’évolution du monde vivant, la régulation des équilibres physico-chimiques du monde du vivant, et dans l’absorption et la décomposition des polluants organiques et minéraux. « Ce sont les mécanismes mondiaux qui sont en cause, pointe le président de la branche française de l’UICN, sans dédouaner l’action individuelle. S’il y avait une vraie politique du développement en Afrique, l’hippopotame ne serait pas en train de disparaître. »

La communauté internationale, qui s’est fixé l’objectif timide de ralentir la tendance d’ici à 2010, a déjà du retard.

Vincent Defait

http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-05-05/2006-05-05-829275